Nullarbor et Mal Tiempo



Nullarbor est une sorte de road-movie, plus ou moins autobiographique, en Austalie. Nullarbor c'est une grande plaine quasi-désertique au sud du pays. Pour les colons anglais, Nullarbor signifie "aucun arbre". Pour les aborigènes, c'est Oondiri, "sans eau". Chacun ses priorités. Mais cela pourrait aussi être nul harbor, aucun port, tant la trajectoire du narrateur est soumise à des courants, des marées et autres vents capricieux. Le texte commence d'ailleurs par une campagne de pêche hallucinante. L'objectif, au départ, c'est de gagner quelques sous. Très rapidement, c'est de revenir à terre en un seul morceau. 
Un long trajet emmène ensuite le narrateur jusque sur les terres aborigènes de Wreck Point. Il y rencontre Augustus, l'auteur dresse un magnifique portrait de ce personnage  et de la vie des aborigènes, on n'est pas loin des récits de la vie des Inuits, ou des Indiens des réserves aux Etats-Unis ( Sherman Alexie par exemple ), entre bitures, magouilles, chomâge et traditions extrêmement puissantes, au sens où elles persistent malgré le décalage avec le "nouveau monde", au sens aussi où elles expriment un rapport complètement différent au monde, à la vie de celles du monde occidental(isé). 
Si le narrateur finit par trouver un port d'attache, c'est en compagnie d'Augustus. Augustus et sa soupe de crabes au piment, Augustus et ses histoires, Augustus et ses virées amoureuses... Et puis la fin dont je ne peux rien dire, sinon qu'elle est magnifique.

Ce livre a reçu le prix Nicolas Bouvier au festival Etonnants voyageurs de St Malo. A juste titre, me semble-t-il, Le poisson-scorpion n'est pas loin. ( il y a chez Bouvier quelque chose d'un peu plus passif et plaintif qui me convient moins cependant )



Et comme il est parfois doux d'être méchant, je me permets de me permettre de vous renvoyer vers une chronique négative de Nullarbor écrite par Sophie. 
Donc Sophie est coupable, Sophie est à la recherche d'un livre enthousiasmant sur l'Australie qu'elle adore ( le guide bleu ou le lonely planet fera l'affaire ), Sophie a pris la peine de lire un livre que son cher et tendre trouve nul ( c'est bien l'indépendance ! mais attention Sophie, sache qu'en toute chose, l'excès nuit. ), Sophie a du mal avec les détails glauquissimes, ou le manque de détail sur la vie des Aborigènes ( ils vivent pas comme nous ces gens-là alors si l'auteur nous explique pas tout comment c'est qu'on fait pour être dépaysé et s'instruire en même temps, d'ailleurs moi, je demandais s'ils ont des Huit à huit et sinon comment font-ils leurs emplettes ? ), Sophie trouve que le mélange de registres de langue est parfois incongru, trouve le livre pas très constructif. Bref sans être aussi tranchée que son chéri, Sophie est tout de même restée sur sa fin. Eh ouais, rien que ça ! Sophie, je t'aime. Tu me fais rire. Et comme dis ma mère, un bon éclat de rire, ça vaut un steak ! De quoi ne pas rester sur ma fin !


David Fauquemberg a publié un deuxième livre, Mal Tiempo. 


Raconte la fascination d'un entraîneur et ancien boxeur français pour un boxeur cubain. Un récit tout en phrases courtes, très physique, très viril, un brin fataliste qui m'a moins séduit que le précédent, à cause notamment des deux derniers points. Et pourtant de ma lecture, me restent des images, des impressions, des sensations, quelque chose de corporel qui prouve que l'auteur a plutôt réussi son boulot.
De Nullarbor, j'ai notamment retrouvé l'état de fascination / incompréhension de celui qui est ailleurs : ici, le narrateur suit un boxeur dont l'histoire et les raisons de boxer sont intimement liées à l'histoire du pays, à son évolution politique, à ses traditions. Il observe, il attrape certains éléments du réel, mais au final peut-il vraiment comprendre ?

Deux chroniques plus exhaustives que la mienne :