Le cousin Jean


C'était un être pacifique, droit de caractère, indécis, timide, et qui, sans aide, avait élaboré une philosophie quotidienne, assez courante dans le quartier : il avait décidé une fois pour toutes de fuir les complications et de se fixer dans une existence monotone, sans ambitions et sans surprises, son destin idéal était contenu dans une expression imagée : "Vivre en Père Pénard."
Il avait été chercher en Lozère, à Saint-Chély-d'Apcher, une "Barrabane" (ainsi appelle-t-on les habitants de ce village en souvenir de barres médiévales et courageuses qui repoussèrent l'Anglois), une Elodie brune et jolie comme un bouquet, aux yeux couleur ardoise, à la bouche mûre et attirante comme un fraise, au corsage bien rempli, pleine de vivacité et qui faisait retentir le logement de ses sonorités méridionales. Ils vivaient main dans la main, yeux dans les yeux, sachant bien qu'il en serait ainsi toute leur vie.

Un extrait du bouquin Les allumettes suédoises ( Robert Sabatier ) que je viens d'entamer sur les conseils de Reine.