Des BD dans l'oeil


Deux BD d'Aude Picault :


Participer à une traversée de l'Atlantique, voilà une bonne idée pour changer d'air quand dans ta vie tu suffolkes, non ? ( Comment ça je suffolke ? ) Le récit se concentre davantage sur les préparatifs du voyage et les rencontres humaines que sur la traversée en elle-même. C'est magnifique ! A lire, à relire, voire même à offrir ! ( pour ceux qui ont des amis, ou bien, pour ceux qui n'en ont pas, à un connard qui a le mal de mer )
 


Dormir sur une couchette de bateau, un exercice périlleux.

Depuis quelques mois, les Requins Marteaux publient une nouvelle collection intitulée BD Cul consacrée uniquement à l'étude de l'influence de la désastreuse récolte de pommes de terre au Mexique et en Californie en 1929 sur le krach boursier de la même année.
Aude Picault s'empare de ce sujet a priori aride pour en faire Comtesse, un ouvrage tout à fait passionnant ( c'est bien simple, on a du mal à le lâcher avant de l'avoir terminé ) et hautement éducatif, destiné aussi bien aux agrégés d'histoire spécialisés dans les conséquences des différentes crises de la patate dans l'histoire humaine comme aux plus jeunes d'entre nous, pour qui la patate se résume aux bonhommes patates et à la ventrée bi-hebdomadaire de frites à la cantine et au McDo.
Longue vie aux Requins Marteaux et longue vie à Aude Picault ! 
Comme je suis bien aimable, je vous mets quelques images de Comtesse, histoire de vous affrioler.



Comme Aude Picault est elle-aussi bien aimable, elle a décidé de rendre son ouvrage accessible aux plus illéttrés d'entre nous et elle a supprimé tous les textes de son livre. Ca c'est de la vulgarisation comme on l'aime !
( Alain Decaux, prends-en de la graine !) Merci Aude !
Par ailleurs, ce dessin me fait vraiment penser à l'excellent film Lady Chatterley de Pascale Ferrand. 

Heads











Berceuse pour Ulysse



Doug Hammond , We people.

Incrédibleux !


Les statistiques de consultation de mon blog se révèlent ébouriffantes !
Suite à ce rapport, mes actionnaires me foutent la pression pour que j'apprenne le russe ! 

Guy des Voitures

Aujourd'hui, je veux rendre un hommage vibrant à monsieur Guy Augustin Marie Jean de Pérusse des Cars, écrivain connu sous le nom de Guy des Cars. Un hommage d'autant plus vibrant que je n'ai lu aucune des ses oeuvres, selon le bon vieux principe farthien. Et pourtant, avec des titres comme L'impure, La brute, La corruptrice, La maudite, La tricheuse, Le château de la juive, Les filles de joie, La révoltée, L'entremetteuse, je me demande bien comment j'ai pu résister à la tentation. Tentation d'autant plus forte, qu'en adhérente du fameux club France Loisirs, ma grand-mère possédait un certain nombre de ces ouvrages, ouvrages qui sont ensuite passés dans la bibliothèque parentale si bien que je peux presque considérer Monsieur des Voitures comme un intime, une sorte d'oncle éloigné, et dont on ne découvre l'importance que tardivement. 
En effet, malgré son succès au cours des années 60, 70, 80, Guy des Voitures est aujourd'hui tombé dans une sorte d'oubli dédaigneux. En témoigne le nombre de ses livres qui garnissent les rayonnages de tous les Emmaüs du pays. Quelle tristesse !
Je vous propose donc de découvrir ce magnifique auteur avec le texte de 4ème de couverture de deux de ses plus intenses romans, La corruptrice et La dame du cirque. 
En voiture Simone, et n'oublie pas ta ceinture, ça va secouer !


Le docteur Fortier a engagé, en qualité d'infirmière, Marcelle Davois, au physique assez ingrat mais pourvue d'une remarquable compétence professionnelle. Cette femme, qui n'a jamais connu l'amour, ne tarde pas à éprouver pour son jeune patron une passion d'autant plus violente qu'elle reste secrète. [ que ne donnerai-je pour avoir écrit cette phrase ! ]
Mais [ on se doutait bien que ça allait se gâter ] Fortier a une maîtresse et Marcelle surprend un jour les deux amants enlacés [OMG !!!]. Apprenant sur ces entrefaites qu'elle est atteinte d'un mal incurable [ il ose tout, c'est un festival ! ], la malheureuse n'hésite pas à mettre en oeuvre un plan machiavélique pour contaminer l'entourage du jeune médecin et prendre ainsi sur la vie, sur la beauté et sur l'amour une revanche désespérée.


Michaela a abandonné son milieu pour devenir écuyère de cirque. Après avoir épousé son directeur, Hermann Kier, l'amazone est victime d'un accident qui lui fait perdre la raison. Contre l'avis des médecins, son mari la garde auprès de lui, enfermée dans une roulotte d'où elle ne sort que le soir pour présider "le souper de Son Altesse". La démente se croit en effet Princesse régnante d'un royaume imaginaire... Sa "cour" est formée des artistes du cirque : clowns, funambules, trapézistes, dompteurs. 
Un soir, une lueur de lucidité fait comprendre à Michaela qu'elle a été remplacée dans le coeur de Hermann Kier par la Française Isabelle. Elle n'a plus qu'une idée : faire mourir sa rivale, mais ne réussit qu'à provoquer un nouvel accident au cours duquel Isabelle perd l'usage de ses jambes. Dès lors, l'action est menée entre ces trois personnages hallucinants : une démente, un dressseur de chevaux et une paralytique.

Merci à toi, Guy, tu as toutes les audaces, tu es un peu le Kurt Cobain de la littérature française ou le Sid Vicious, comme tu veux, tellement tu es punk, tellement tu es hardcore. Tu renvoies le nouveau roman dans les cordes en 2-3 directs du droit, tu lui éclates la tronche et tu lui fais bouffer son protège dents tellement tu cognes comme une brute, sans peur, tu assommes et tu triomphes, sans rival. 
Gloire à toi Guy !

Ouais c'est en enfer qu'ils s'aimeront


Until morning 1, Erin Ashley


Ma bébé me quitte
Pour un plus beau
Pour un plus chaud
Un plus costaud

Ma bébé me quitte
Me dit « Jeannot,
Au lit lui
C’est un maestro »

Ma bébé me quitte
Et moi je reste
Comme un enfant
Tout seul et triste
Savoir qu’elle touche
Un autre type
Ça me rend dingue
Dingue dingue
Ouais

Ma bébé me quitte
En quelques mots
Et ça lui fait
Ni froid ni chaud

Ma bébé me quitte
Ooh
Et moi j’me soigne
Au Mojito

Ma bébé me quitte
Et dans tout l’hôtel
Mayaguana
Y’a pas un mec plus seul que moi
Quand j’pense
Qu’à l’étage
Elle se l’envoie

Les jours sont tristes
Et la nuit
Je ne dors pas
Ma bébé me quitte
Je n’y survivrai pas

Ma bébé me quitte
Pour un plus beau
Pour un plus chaud
Un plus costaud

Ma bébé me quitte
Me dit « Jeannot,
Au lit lui
C’est un maestro »

Ma bébé me quitte
Et j’f’rai couler
Tous les continents
J’foutrai des bombes
Dans chaque chambre
Où ils iront
C’est en enfer qu’ils s’aimeront
Ouais

Chanson du groupe Mustang. Le revers de la médaille par rapport à la précédente. Pas de vidéo non plus mais conseil identique. Lien souterrain : ce groupe a été comparé à Dominique A, notamment pour la voix et les textes.

Je t'ai toujours aimée


Ségozyme ?


Avant de perdre la face
Et de m’éteindre comme un vieux mégot
Mon tout dernier regard
Se portera sur tes fesses
Ou je cachais chaque nuit
Le plus précieux de mon magot

Avant de vomir mes adieux
Et de m’écrouler comme un vieux poivrot
Mon tout dernier regard
Se portera sur tes yeux
Ou je cachais chaque nuit
Les plus brûleux de mes propos

Je t’ai toujours aimée

Avant de sombrer dans l’erreur
Et de couler comme un vieux cargo
Mon tout dernier regard
Se portera sur ton cœur
Où je cachais chaque nuit
Les plus honteux de mes sanglots

Avant de perdre la face
Et de m’éteindre comme un vieux mégot
Mon tout dernier regard
Se portera sur tes fesses
Ou je cachais chaque nuit
Le plus précieux de mon magot

Je t’ai toujours aimée

Chanson du groupe belge Polyphonic size, reprise par Dominique A sur le magnifique album Auguri.
J'adore cette chanson. Grosse préférence pour la version de Dominique A. Je ne mets pas de vidéo parce qu'il n'y pas de clip intéressant pour cette chanson, mais si vous ne la connaissez pas encore, je vous encourage vivement à l'écouter !

Space

There are two types of space : a) something containing nothing and b) nothing containing everything. It is what is left when you haven't got anything else.
Terry Patchett, The Bromeliad Trilogy : Wings

Jesse Lenz

Jesse Lenz fait des collages à partir d'images des années 50-60. Il a notamment détourné les Marilyn de Warhol en utilisant des personnages de la culture populaire ( Edouard aux mains d'argent ) ou des personnages réels et unanimement respectés comme Obama, Hitler ou Staline.










Bête et méchante

Voilà à peu près ce que je pense d'Alcatraz, la nouvelle série produite par J.J.Abrams. Auparavant, ce monsieur a créé et produit deux séries de SF à priori potables, Fringe et Lost, et il a aussi réalisé Mission Impossible 3, qui rentre haut la main dans la catégorie nanar-kougloff à gros budget. Donc, à mes yeux, un bilan assez moyen et surtout un style qui ne fait pas dans la dentelle.
Donc je me suis lancé dans/sur Alcatraz. Résumé ( je reprends les infos qui nous sont données dans le générique par une voix-off, un peu comme dans la SF des années 50-60) : le 21 mars 1963, la prison d'Alcatraz a été officiellement fermée et tous les prisonniers ont été transférés. Sauf que non, il faut toujours se méfier des versions officielles. En réalité, tous les prisonniers et leurs gardiens ont mystérieusement diparu et ils ressurgissent au compte-gouttes ( 1 par épisode, c'est plus pratique ) en 2012 à San Francisco. 
A partir de là deux possibilités scénaristiques : soit on suit les prisonniers qui essayent de comprendre ce qui leur est arrivé et tentent de s'intégrer dans une société qui a beaucoup changé en 50 ans, soit on suit les gens qui vont essayer de retrouver ces prisonniers. Par exemple, une agence secrète menée par Hauser (sorte de Men in black constipé), une jeune flic et un scientifique, historien, fan de comics... 
Bon, jusque là, rien de brilliant, mais pas non plus de quoi s'enfuir, si on aime un peu la SF. Alors pourquoi ça merde ? 
D'abord, le rythme assez lent de la série qui alterne les scènes à l'époque actuelle et les flashback sur la vie des prisonniers en 1963. Ca pourrait être prenant, en fait je m'ennuie. Et je m'ennuie d'autant plus que les gros défauts ne tardent pas à pointer leur nez.

1 - Des personnages mal équilibrés, pas subtiles. Il y a Hauser, l'agent secret qui ne sourit jamais, ne répond jamais aux questions, engueule tout le monde, se déplace toujours avec la tête penchée façon torticolis et qui à chaque fin d'épisode ramène le prisonnier, mort ou vif, dans la nouvelle prison high-tech et top-secrète. Et il y a Soto, le gros ( enfant traumatisé par un enlèvement tu comprends ) qui vit dans un monde de comics et de jeux vidéos, mais qui est aussi scientifique et historien ( d'Alcatraz bien-sûr) et qui passe ses nuits à écouter les canaux de la police pour savoir si tel ou tel meurtre ne serait pas signé John, Kévin, Tartanpion ou Furax, échappé d'Alcatraz.

2 - Une fois le prisonnier repéré, Soto, Madsen et Hauser font leur enquête. Comme ils n'y arrivent pas, Madsen ou Soto sort les objets personnels du prisonnier de sa boîte ( une boîte par prisonnier ), les installe dans la cellule du prisonnier et réfléchit gravement. Et tchic-tchac, miracle du réfléchissement, ils trouvent le détail qui va leur permettre de comprendre comment fonctionne le prisonnier (ses obsessions, ses fantasmes, son être profond ) et d'anticiper sur ce qu'il va faire ensuite puis de le capturer.

3 - Il faut savoir qu'un gars enfermé à Alcatraz en 1960, c'est une bête. Donc quand il se retrouve en 2012 ( par un mystérieux trou temporel ), le gars n'a pas changé. Et comme les rats des expériences qui reproduisent encore et encore la même conduite, lui, il se remet illico à buter les honnêtes citoyens selon sa propre méthode, ce qui permet à Soto de trouver à coup sûr quel gars vient de réapparaître. Le kidnappeur d'enfants kidnappe, le braqueur braque, l'empoisonneur empoisonne, le vét de la guerre de Corée continue à faire joujou avec ses mines... Bref, tu es comme tu es, bon ou mauvais, et abandonne ici tout espoir de changer. De toute façon, le scénario ne veut pas que tu changes, mais simplement te refoutre au trou. Quand la SF passe à la moulinette d'Alcatraz, elle y perd des plumes. Adieu la critique sociale, adieu la possibilité pour un individu de se reconstruire, de revivre avec ses semblables, d'être multiple. Il y a les gentils d'un côté, les méchants de l'autre et les flics au milieu pour faire le tri.

4 - Et ce n'est pas fini. La cerise sur le gâteau, c'est la légitimation de la violence gratuite. Quand les méchants sont des vrais méchants, des êtres machiavéliques qui font le mal par plaisir, on peut nous aussi se lâcher sur eux une fois qu'on les a attrapés. Ainsi, à Alcatraz, les prisonniers sont torturés mentalement et physiquement. Et en 2012, Hauser ( l'agent secret ) bousille la main de celui qui a descendu sa copine, tire dans la jambe d'un autre, qui sourit parce que sa mine vient d'exploser au nez du démineur. Ensuite ils sont remis dans une taule secrète sans autre forme de procès. 
Et vous savez quoi ? Et bien le démineur, il est noir. C'est le seul noir de la série pour l'instant ( épisode 6, je crois ). Il est grand, il est cool, grand sourire, c'est le pote de la flic, bref, un black quoi ! Bon, il est con aussi, il a choisi d'être démineur dans une série où les méchants ne pardonnent pas. Donc, à la fin de l'épisode, boum... Mais c'est pas sa faute, c'est parce que l'autre tordu de psychopathe s'est amusé à modifier le système d'allumage de sa mine pour la rendre indéminable. Une balle dans la jambe pour un taré comme ça, c'est pas cher payé ! 

Donc, Alcatraz, une série bête et méchante. Et bien réac.


Le brouillard placide m'observe


Photo de Gwennidell - île de Batz